SNETAP-FSU

Syndicat National de l’Enseignement Technique Agricole Public

Accueil > Les Dossiers > Formation adulte - Apprentissage > Stage sur la Formation Professionnelle de la FSU

Stage sur la Formation Professionnelle de la FSU

vendredi 3 juin 2016

Enregistrer au format PDF

La FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire a tenu un stage sur les questions de Formation Professionnelle Qualification Emploi les 25 et 26 novembre 2015.

Un programme extrêmement riche a permis à des chercheurs, des syndicalistes, des formateur, et même un représentants du MEDEF de confronter leurs position que les questions de qualifications, diplômes, référentiels de formation, démocratie sociale.

Dans ce cadre, Prisca Kergoat, maitre de conférence en sociologie nous a fait part de ses travaux sur l’apprentissage, et des inégalités liées à l’accès à cette forme de formation : éclairant.

Présentation de la problématique générale de l’apprentissage en France : une voie privilégiée depuis 1987 ; de multiples programmes de développement ; un échec, sauf dans le supérieur ?

L’apprentissage, la chercheure ne discute pas de l’apprentissage de façon globale, sous certaines conditions, elle admet que cette forme de formation peut permettre à des jeunes d’accéder à un métier. Mais elle souhaite plutôt éclairer des zone d’ombre : l’accès à l’apprentissage.

On ne sait pas grand-chose de la manière dont se déroule la formation et encore moins de la manière dont on accède à l’apprentissage.

Ce serait le choix du métier qui distribue les formations.

Il occulte le travail des acteurs, l’apprentissage est à l’intersection de l’école et du travail et ne peut occulter les mécanisme du monde du travail.

En général, le jeune doit trouver seul une entreprise et ensuite s’inscrire en CFA CFA Centre de Formation d’Apprentis .

Mais, dans le supérieur c’est le CFA qui sélectionne le jeune et l’adresse ensuite à une entreprise.

Le sujet de recherche porte sur les CFA de l’enseignement supérieur, l’expérience de la formation professionnelle, les obstacle à l’accès à l’apprentissage.

Les grandes transformations de l’apprentissage depuis 70.

Après avoir été condamné dans les années 60 l’apprentissage est fortement revalorisé dans les années 70 avec une filière du CAP CAP Commission administrative paritaire

C’est une instance de représentation et de dialogue de la fonction publique française.

Les CAP sont chargées d’examiner des situations individuelles, mais elles soumettent aussi parfois des motions à caractère collectif.
à l’ingénieur.

Les transformations des années 80 90 initiées par le MEDEF relayées par différentes campagne média intègrent les trois registres des politiques publiques ; élévation du niveau de formation , adéquation formation/emploi, des compétences et de l’entreprise formatrice.

Rapprocher l’école et l’entreprise, place le problème de l’emploi au cœur l’éducation qui débouche sur les stages en entreprise.

Le choix, loin de restaurer l’apprentissage historique, de le moderniser en le tirant vers le haut a fait consensus de Mitterrand à Chirac.

Il s’agit, à ce moment d’un moyen de lutter contre le chômage et offrant une promotion sociale aux jeunes défavorisés.

L’apprentissage serait une voie alternative de formation, une seconde chance. L’apprentissage aurait toutes les vertus !

Pratiques de recrutement des apprentis :

On ne sait pas grand chose de l’accès à l’apprentissage !

30 % des élèves de LP auraient souhaité aller en apprentissage.

En 2005 un jeunes devait contacter plus de 10 entreprises pour trouver un stage. 24 % des apprentis disent ne pas être dans le métier souhaité (30 % en bac pro et 12 % dans le supérieur).

Exemple de politique de recrutement dans une grande entreprise publique ;

  • à la fin des années 80 l’entreprise ferme ces « écoles de métiers » coûteuses et accompagne le tournant commercial de l’entreprise pour recruter des agents pour accompagner ce changement.

L’entreprise ne s’en cache pas .
Pour préparer un BEP BEP Brevet d’études professionnelles électricité - Une sélection particulièrement sévère, sur 655 candidats, 26 seront retenus soit 4 %.

C’est l’étape 3 de l’entretien qui est décisive, devant un jury de plusieurs cadres.
Rien sur les savoirs et les savoirs faire, tout l’entretien questionne le rapport au travail et à la hiérarchie.
Sont testé la capacité à résister à des conditions de travail difficile (chômage).

Il s’agit de vérifier l’adhésion des candidats à un nouvel ordre productif,
On craint très fortement l’héritage ouvrier fortement syndiqué.
On cherche à repérer les rouges !
On questionne : « que pensez vous des grèves, connaissez des syndicats » !

On vérifie que le père d’un candidat n’est pas syndiqué à la CGT CGT Confédération générale du travail .

Pour le Bac Pro service - L’objectif de recrutement de filles réputées moins belliqueuse, on attend d’elle la bonne tenue (propre et repassée) et une bonne présentation physique.

Pour un BTS BTS Brevet de technicien supérieur force de vente – Le même système avec moins de crainte de l’héritage ouvrier, on évalue l’esprit de challenge (pratique d’un sport individuel le tennis pour les garçons, et la danse pour les filles)

Les CFA peuvent récolter une part de plus en plus importante de taxe, en établissant des contats avec des entreprises et en leur sélectionnant des candidats.

D’où l’importance de présélection des candidats pour parvenir à les placer efficacement et rapidement en entreprise, il se pratique exactement le même type de recrutement que dans les entreprises.

Caractériser les effets de ces politiques publiques sur le public :

La soit disant filière de l’apprentissage qui progresse largement dans les formations du supérieur et baisse aux niveaux IV et V (bac).

Ce ne sont pas les apprentis du bas qui sont devenus les apprentis du haut !

Seulement 10 % des apprentis du supérieur proviennent de l’apprentissage.
Il y a une hiérarchie qui est en train de s’inverser, alors que les LP formaient l’élite ouvrière, aujourd’hui les jeunes les plus défavorisés restent dans la filière scolaire.

En apprentissage la sélection des filles (physique et maintien), plus exigeante que pour les garçons, participe à la difficulté de trouver un stage, l’offre est plus faible dans le secteur des services.

On devrait retrouver ces filles dans les formations de service à l’université mais ce n’est pas le cas, plus le niveau de formation s’élève plus le pourcentage des garçons est élevé au détriment des filles. Les filles auraient donc plus de chance dans les secteurs industriels, mais là encore on les retrouve davantage dans le scolaire.

Les filles ont toutes les peines du monde à entrer en formation en apprentissage, elles sont victimes de la double ségrégation, celle du monde du travail et celle du système de formation.

Les jeunes issus de l’immigration suivent un processus analogue, il sont sur représentés en LP et absents en apprentissage.

Conclusion, Trois blocs de problèmes :

Financement de l’apprentissage – sans réduire l’intérêt de la formation à son coût, mais 4 milliards d’euro, somme à laquelle il faut ajouter la TA de 2 milliards d’euros, soit 6 milliards, donc les 2/3 de l’argent consacré à l’emploi des jeunes ! Avec le développement du supérieur le financement va glisser vers le supérieur !

Taux de chômage féminin est toujours supérieur à celui des garçons.
Seulement 2 % de mieux pour les apprentis du supérieur issus de l’apprentissage dans l’accès à l’emploi.

C’est donc beaucoup d’argent pour un résultat très faible.

Dévalorisation de la qualification ouvrière et employé, valorisant le niveau IV et V.

La soi-disante performance tient beaucoup à la sélection en reléguant les populations les plus fragilisées.

L’apprentissage est-il encore un bien public ! La chercheure en doute au regard de la sélection. Cette même sélection qui est interdite à l’université jusqu’en Master, est admise lorsqu’il s’agit d’apprentissage piloté par le patronat !

Prise de notes : Guy FRIADT

Prisca Kergoat
Maître de conférence en sociologie, Université de Toulouse.

« Les formations par apprentissage. Quels enjeux pour la formation des ouvrier(e)s et des employé(e)s ? », Coordination du numéro (avec Valérie Capdevielle),
Revue française de pédagogie, n°183, 2013.

2002 Thèse de doctorat en sociologie : « L’apprentissage dans les grandes entreprises en France. Etude de trois cas. » sous la direction de Lucie TANGUY, Université Nanterre, Paris X.