Une délégation du SNETAP-FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire et du SNUITAM-FSU participait à cet événement (et l’a même préparé et animé). Pour la première fois, une réflexion intersyndicale, inter-associative, inter-experte de la santé, du droit et du monde de la recherche est réalisée sur les questions de santé, de sécurité, de conditions de travail, dans le secteur privé comme dans les services publiques.
4 thématiques ont été mises en avant pour ces premières assises, qui au vu de l’affluence – plus de 500 participant·es- en appellent d’autres :
- femmes, santé, travail ;
- accidents du travail/maladies professionnelles : prévenir reconnaitre, réparer ;
- santé au travail et environnement ;
- transformation du travail et organisation du travail : comprendre et agir.
Divisés en plusieurs ateliers, il n’était pas possible de suivre tous les témoignages mais, ci-dessous, vous trouverez la substantifique moelle de certains d’entre eux.
A commencer par le thème de la santé des femmes au travail, sujet étonnamment peu travaillé en tant que tel, aussi bien dans les milieux syndicaux ou associatifs que dans les milieux académiques. Faire reconnaître les faits de Violences Sexistes et Sexuelles au Travail (VSST), les sanctionner, les prévenir, voire interroger l’organisation du travail qui les permet ou les provoque. Ou encore les risques de cancers notamment par le biais de contrôle des produits phytosanitaires. Mettre en lumière cette part du travail des femmes, invisibilisée, oubliée, inconnue, voire niée. Enfin, adapter l’organisation du travail à la femme sans l’essentialiser, ni la discriminer.
Reconnaitre également le lien entre la maladie et le travail. C’est particulièrement difficile concernant les maladies psychiques, qui souffrent de l’absence d’un tableau de reconnaissance en maladie professionnelle, à plus forte raison dans la fonction publique. Les accidents du travail/maladies professionnelles touchent aussi davantage les jeunes, 59 % d’entre eux sortant de la voie professionnelle, sont en effet exposés à des risques de blessures ou d’accidents (cf : Centre d’études et de recherches sur les qualifications, publiée en 2020). Enfin, les plus précaires sont - sans surprise - les plus touchés par les risques professionnels. Face à cela, comment lutter ? Des actions judiciaires doivent être menées mais que c’est difficile, tant les employeurs - assistés de cabinets de conseils -, usent de toute astuce pour repousser les procès (ou atténuer la sévérité des verdicts). Maintenir un rapport de force aussi : une étude de la FSU - publiée et présentée le jour-même -, a montré l’importance des CHSCT CHSCT Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail dans la fonction publique.
Pesticides, Benzène, Chrome, Plomb, HAP, rayonnement ionisant, poussière de bois, fumées d’incendie, PFAS… la liste des produits dangereux est sans fin. En France, près de 11 % de la population active y est confrontée. Ces expositions, ainsi que la pollution environnementale, expliquent en partie l’épidémie de cancer. Dans ces ateliers, a été aussi mis en avant comment les industriels et gouvernements agissent pour freiner l’action des syndicats et les acteurs de défense de l’environnement : chantage à l’emploi, diviser riverains et salariés… Le combat après la catastrophe d’AZF, ou dernièrement Lubrizol, mais aussi des actions moins connues (« l’usine verte » SNEM à Montreuil, les émissions toxiques de valproate de sodium dans une usine SANOFI). Bien sûr comment ne pas oublier les 100000 morts de l’amiante, rappelés par l’association ANDEVA et la tragédie du chlordécone (double, car via le témoignage poignant de Lilith du Collectif des Ouvrier.e.s Agricoles de la Martinique, celles et ceux qui souffrent aujourd’hui de ce poison, ont été oubliés par l’hexagone – qui avait déjà interdit ce pesticide sur le territoire métropolitain. Pire ! Ces personnes vivaient dans des cases composées de fibre d’amiante …) Alors comment faire lorsqu’on est représentant·e du personnel sans aucune connaissance du risque chimique ? Des collectifs se sont organisés pour cela : Giscop93 ou les associations phyto-victimes, Henri Pézerat.
Enfin, agir au niveau de l’organisation du travail pour améliorer les conditions des travailleuses et des travailleurs. Les ateliers sur ce sujet ont porté sur la nécessaire action collective pour ne pas en rester uniquement à la victimologie et à l’accompagnement individuel (étape à maintenir néanmoins). L’organisation du travail ne doit pas aliéner mais au contraire contribuer à l’émancipation des salarié·es et des agent·es du service public. Pour cela, il faut intervenir dans ce pré-carré des employeurs et questionner l’organisation du travail sans se compromettre. En la matière, un vaste champ de travail pour l’avenir s’ouvre devant nous : celui de l’intelligence artificielle, une thématique également discutée dans un des ateliers.
Après le vote du projet de plateforme revendicative et la proposition de campagne nationale, les dirigeant·es de la CGT CGT Confédération générale du travail , FSU et Solidaires ont conclu les assises en table ronde.
Comme Murielle Guilbert et Sophie Binet, Benoit Teste ne s’est pas engagé sur l’ouverture de ce combat à d’autres syndicats - sur le modèle de la réforme des retraites -, soulignant comme ses homologues qu’il était d’abord nécessaire de consulter les organes délibératifs internes. Cependant, cet appel constitue une feuille de route pour la suite et, assurément, la santé, la sécurité et les conditions de Travail des travailleuses et des travailleurs est une question politique. En outre, tous les syndicats sont d’accord pour constater l’impact catastrophique de la disparition des CHSCT en matière de prévention des salarié·es (cf à l’étude commandée par la CFDT CFDT Confédération française et démocratique du travail pour le secteur privé). Mais le secteur public n’est pas épargné : pas de données sur les morts au travail - contrairement au privé - et surtout, une attaque claire depuis 2017 du statut de fonctionnaire, rappelle le secrétaire national de la FSU.
En attendant les prochaines assises, lancement d’une campagne nationale « le travail tue, le travail détruit : mourir au travail, mourir du travail, plus jamais ! ». Objet : exiger la mise en place d’une politique pénale du travail tout aussi sévère qu’en matière de délinquance routière et revendiquer le doublement des effectifs de l’inspection du travail et des services de prévention.
RDV aussi le mois prochain : une mobilisation sur cette thématique est prévue dans toute la France le 25 avril prochain en vue de la journée internationale de la santé au travail du 28. Venez nous y rejoindre !