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Ni strass, ni paillettes ! L’ESC a besoin de moyens, de cohérence et de perspectives.

Les 60 ans de l’Éducation Socioculturelle

vendredi 14 novembre 2025

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Le vernis de la communication ministérielle ne doit pas faire oublier que l’ESC ESC Éducation socio culturelle n’est pas seulement une valeur ajoutée de l’Enseignement Agricole mais un espace d’enseignement particulier, pertinent face aux enjeux contemporains et qui participe à donner aux jeunes une place dans le monde. Singularité de l’Enseignement Agricole, l’ESC vise à former des citoyen·nes engagé·s et créatif·ves, à favoriser la vie collective, l’engagement associatif et culturel, l’esprit critique, l’émancipation, la coopération, l’autonomie et l’ouverture sur le monde et la société.
Le SNETAP-FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire salue la richesse, la modernité et l’impact culturel, humain et éducatif de l’ESC dans nos établissements.

Mais pourquoi cette fête ne suffit pas ?

Les 60 ans de l’ESC ne doivent pas être réduits à une célébration, une simple « vitrine » ministérielle. Les personnels attendent des projections sur l’avenir de l’éducation socioculturelle et des enjeux qu’elle porte. Dans un Ministère où elle est présentée comme la “pépite d’intelligence collective”, l’ESC ne peut se réduire à des opérations de communication du ministère qui cachent régulièrement le manque de moyens sur le terrain et les disparités de plus en plus importantes entre les régions

Le SNETAP-FSU revendique

- La mise en place dans les DRAAF DRAAF Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de postes d’animateurs·rices à plein temps, pour éviter
l’effondrement du riche tissu des réseaux régionaux. Il faut redonner du temps d’échange et de rencontre aux équipes en région.
  • Le dégel immédiat des enveloppes budgétaires et l’accompagnement des équipes dans la vréalisation des projets artistiques et culturels portés dans les établissements.
  • Des financements pluriannuels pour les projets pour mettre réellement en place des actions sur vle long terme. Il faut donc en finir avec les incertitudes des appels à projets qui ne sauraient faire office de politique publique.
  • Des temps d’échanges, de formation et de réflexion pour inventer l’ESC du 21ème siècle capable
    de relever les nouveaux défis qui s’ouvrent : transition écologique, mutation des usages numériques, évolution de l’engagement des jeunes. La création à l’ENSFEA d’une université permanente de l’ESC autour des questions d’éducation populaire est pertinente, donc à penser.
  • De remettre l’ESC au coeur du projet de l’Enseignement Agricole dans les programmes, par les acteur·rices, avec des moyens pérennes et des horaires fléchés. Les référentiels doivent être plus adaptés à la réalité du terrain.

Pour les 60 ans de l’ESC … Faisons entendre nos voix !

- Sylvie Renault, Saint Lô Thère (Normandie)

“Je suis attachée à mon métier aussi par les ponts qui existent grâce au tiers-temps animation entre ce qui se fait et se vit dans la classe et ce qui se construit en dehors.
L’ALESA en est un exemple fort : elles prolongent nos objectifs pédagogiques dans la vie du lycée et permettent une citoyenneté en pratique.” [...] “Au début de ma carrière, j’ai connu plusieurs directeur·rices et adjoint·e·s qui semblaient bien comprendre l’importance et les enjeux de
l’ESC. Depuis plusieurs années, j’ai l’impression que cet intérêt s’est estompé. Les directions voient souvent l’ESC sous un angle plus réducteur : comme un moyen de valoriser le lycée à l’extérieur, de communiquer ou d’embellir les lieux avec des créations d’élèves.” [...] “Les réseaux régionaux ESC, qui permettaient autrefois ces échanges, s’essoufflent eux aussi : leurs moyens diminuent d’année en année, certains disparaissent même.”

Pierre-Olivier Poyard, Mirecourt (Grand Est) :

“Pendant 12 ans, de 2011 à 2023, j’ai enseigné l’ESC. Pour moi, c’était le plus beau métier du monde. Malgré des difficultés rencontrées parfois, les projets culturels se sont succédés sans se ressembler. Avec les classes, nous avons réalisé des films, fictions radios, chansons, poèmes, dessins, graffs... Les jeunes, sortis de l’école, que je rencontre parfois, ne l’ont pas oublié.”

Frédéric Rouziès, Auch (Occitanie)

“Les conditions de travail se sont détériorées depuis 2020 et la période Covid. L’alternance des confinements, des couvre-feux, des temps en présentiel et en distanciel a mis à rude épreuve les communautés éducatives. Aujourd’hui, les traces sont encore palpables. Il faut redonner des perspectives de travail stable et proposer des objectifs pédagogiques réalisables”. [...] “J’adore mon métier. Je mesure le privilège de travailler dans un lycée agricole en lien avec une jeunesse en construction et avec un territoire dynamique. Je vois aussi les nombreux défis auxquels nous
sommes confronté·es : transition écologique, montée des discriminations et attaque de l’idéal démocratique”. [...] “En 60 ans d’histoire, l’ESC a su relever les défis de son époque.
Aujourd’hui, avec l’avènement de la société numérique et le développement fulgurant de l’IA, notre métier doit s’adapter sans oublier ce qui le fonde : l’éducation populaire”.

Caroline O’Reilly, Bazas (Nouvelle-Aquitaine)

“Cette période incertaine dans laquelle navigue notre société, pour nous, pour nos ami·es de la culture (entre autres), entre faire et défaire, penser, repenser, donner et reprendre, reconstruire en permanence, ne pourra pas altérer l’espérance de voir la culture se développer dans nos
établissements, tout du moins je l’espère.” [...] “Avec prudence, alors accompagnons nos apprenants. Renforçons les réseaux, et que l’on nous donne les moyens de travailler
avec des professionnels pour continuer à faire un travail de qualité.”

Sylvain Guénard, Le Paraclet (Hauts de France)

Je suis désabusé, j’aime toujours ce métier qui permet d’emmener des apprenant·es dans des endroits où ils·elles n’iraient sans doute pas seul·es. Développer l’esprit critique, le goût artistique et apprendre l’autonomie avec l’ALESA et les projets sont toujours mon moteur.” [...] “Cette opération du 14- 11 ressemble à une commémoration de ce que devrait être l’ESC si le projet initial était toujours d’actualité. C’est une opération de communication qui gomme toutes les difficultés que nous avons sur le terrain pour réaliser notre mission. Il nesuffit pas d’incantations dans des notes de service pour que, par magie, le métier devienne facile.”

Sébastien Lejas, Villefranche de Rouergue (Occitanie)

L’ESC consiste à travailler l’éducation populaire. J’entends par éducation populaire le côté émancipation, l’émancipation des jeunes. C’est-à-dire pouvoir leur donner des outils, des moyens
de pouvoir être en quelque sorte acteur·trices, auteur·es de leur vie”. [...] “Je trouve qu’il n’y pas d’enchantement en général.

Pour ma part, j’ai l’impression que je passe plus de temps à répondre à des obligations et que le côté pédagogique arrive à la fin. Par exemple, pour mettre en place un projet, il nous faut
des moyens via les subventions. Avant, je savais que j’aurai une réponse et des moyens. Aujourd’hui je fais le même travail mais avec l’incertitude que je vais avoir une réponse. Et quand je l’ai, je ne suis pas sûr d’avoir les moyens. Ça me met dans une position inconfortable.”

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