Pour le SNETAP-FSU s’il doit y avoir une nouvelle école vétérinaire, elle ne peut être que publique et doit être au même niveau d’exigence que les écoles existantes (ENV ENV École nationale vétérinaire Maison Alfort - ENV Lyon - ENV Toulouse - ENV Nantes). Il rappelle également que cette école ne peut être une "école régionale" qui ne répondrait qu’aux besoins des territoires néo aquitains. De même, le recrutement doit être national.
- TROIS ÉLÉMENTS JUSTIFIENT AUJOURD’HUI LA CRÉATION D’UNE NOUVELLE ENV
- une pénurie de vétérinaires en France, particulièrement dans certaines zones rurales. Cela a un impact direct sur le déficit de praticiens pour les animaux de rente (selon le MASA, en 2024, 6 428 vétérinaires travaillent auprès d’animaux de rente contre 18 066 pour les animaux de compagnie).
Mais d’autres secteurs de la santé animale sont également concernés par ce déficit : secteur de la recherche, secteur pharmaceutique ou secteur du suivi de la faune sauvage. Ces manques deviennent de fait un problème plus général de santé publique.
Comparativement aux autres pays européens, le nombre de vétérinaires en France est très nettement inférieur, alors que le cheptel est un des plus importants de l’Union européenne.
- une perte de maîtrise stratégique majeure tant en matière de sécurité sanitaire que de souveraineté alimentaire.
Il convient de rappeler que l’Union européenne ne définit pas les politiques éducatives. En vertu du principe de subsidiarité, chaque État est seul responsable de son système d’enseignement supérieur. L’UE reconnaît les diplômes (directive 2005/36/CE), mais ne dicte ni le contenu ni le volume de formation. S’en remettre à la Roumanie, l’Espagne, l’Italie ou la Hongrie pour former nos vétérinaires revient à déléguer notre souveraineté sanitaire et à aggraver les inégalités territoriales. Aujourd’hui, une part croissante des vétérinaires inscrits à l’Ordre sont formés hors de France ce qui est révélateur d’un déficit national de formation. Il est possible que d’ici peu en France, le nombre de vétérinaires formés dans les ENV devienne minoritaire. Cette dépendance est préoccupante. Elle rend la France vulnérable à des décisions extérieures dans un contexte de montée des extrêmes et de remise en cause permanente de la preuve scientifique.
Aucun grand pays européen ne mise autant que la France sur l’externalisation de sa formation vétérinaire. De plus, certaines écoles européennes ne sont pas accréditées selon les standards européens (EAEVE). Les diplômés reviennent avec un bagage inégal, parfois incomplet, avec parfois peu de pratique, sans ancrage local, et ne s’installent pas forcément dans les zones sous-dotées, aggravant la pénurie.
Enfin de souveraineté alimentaire, il est également question ici, car une pénurie de médecine vétérinaire dans nombre de territoires ruraux va immanquablement conduire à une mise en difficulté encore accrue du renouvellement des générations d’éleveur·euses partant massivement en retraite (transmission et reprise des exploitations existantes, installations nouvelles) - cf. les objectifs de la dernière loi d’orientation agricole (LOSARGA).
- un déficit de places dans les écoles vétérinaires françaises qui pousse 55 % des étudiant·es à faire leur formation à l’étranger (Belgique, Espagne, Roumanie). Un chiffre en hausse constante ces dernières années.
Ce constat est aujourd’hui partagé par la profession qui pourtant craint un trop-plein de vétérinaires praticiens d’ici 2030 et donc d’une forme de concurrence, avec l’augmentation à 840 le nombre d’étudiant·es dans les écoles nationales vétérinaires.
Pour le SNETAP-FSU, former en France est une question d’équité. L’insuffisance de places en ENV pousse les jeunes à se tourner vers l’étranger ou le privé, souvent au prix fort : entre 15 000 et 18 000 €/an, sans aides sociales complètes (logement, transport, restauration). La formation vétérinaire devient un privilège, inaccessible aux plus modestes. Ce système accentue la fracture sociale et territoriale.
Cette externalisation a aussi un coût pour l’État : bourses, subventions régionales (Loi Dadue)… autant de fonds publics investis dans des formations hors contrôle national qui parfois financent des organismes privés. Ce sont des dépenses publiques sans retombées pour notre territoire, notre recherche ou notre service public. À l’inverse, les ENV sont intégrées aux dispositifs de recherche nationaux (INRAE, INSERM, CNRS
CNRS
Centre national de recherche scientifique
, Universités...).
Former en France, c’est assurer en lien avec la recherche, la santé publique, l’agriculture, la prévention des crises sanitaires.
- UNE 6ème ÉCOLE NE PEUT ÊTRE PORTÉE QUE PAR L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE PUBLIC
Le SNETAP-FSU s’oppose à une privatisation de l’enseignement supérieur en général et ici en particulier de la formation vétérinaire. Une nouvelle privatisation aurait pour conséquences de :
- réduire l’accès à ces formations pour les étudiant·es les plus modestes en raison d’une sélection par l’argent. Comme pour les autres exemples que nous connaissons il y a le risque d’un transfert d’argent public vers le privé pour des formations qui ne profiteront qu’aux étudiant·es les plus aisés.
- réduire la capacité de recherche dans le domaine de la santé animale. En effet, le volet recherches sera peu développé par ces écoles privées car onéreux. De plus, il nécessite un niveau de formation élevé des enseignant·es pour qu’ils/elles soient des enseignant·es chercheur·euses.
- réduire la qualité de l’enseignement en raison de l’absence de centres hospitaliers universitaires vétérinaires intégrés aux écoles publiques qui servent à la fois de support pédagogique pour la formation des étudiant·es vétérinaires aux sciences cliniques et de support de recherche clinique.
- réduire la formation à la seule transmission de compétences professionnelles sans concourir à la progression des connaissances dans les sciences vétérinaires.
- réduire la formation à certains secteurs de la santé animale plus lucratifs et donc abandonner des pans entiers de la formation car plus porteurs au regard du marché.
- LA NÉCESSITÉ D’UN FINANCEMENT A LA HAUTEUR DE L’ENJEU
. L’investissement par la Région
L’ouverture d’une école vétérinaire de plein exercice nécessite des investissements lourds. Dans son projet, la Région annonce un budget de 24 millions d’euros. Pour le SNETAP-FSU ce budget est insuffisant.
Si dans son projet la Région s’appuie beaucoup sur l’Université de Limoges, il faut rappeler qu’une école vétérinaire publique doit être adossée à un centre hospitalier universitaire vétérinaire, ce que ne possède pas aujourd’hui l’université de Limoges.
Ce CHUV a pour objectifs à la fois de soigner, de former les futurs vétérinaires et de faire progresser les connaissances sur les maladies animales. De ce fait, il exige un matériel à la fois de praticien, pédagogique et de pointe.
. Le fonctionnement par l’État
Ce financement national est un point central de l’enjeu de cette nouvelle école.
La constitution de cette nouvelle ENV à Limoges ne peut se faire à moyen constant ce qui supposerait une répartition des moyens actuels pour la formation vétérinaire déjà insuffisants pour les 4 écoles existantes.
Une inquiétude très concrète alors que le plan de renforcement des ENV promis par l’État n’est toujours pas tenu à ce jour, que la baisse du budget du programme 142 est en baisse constante. Aujourd’hui nous n’avons aucune garantie de l’État, en particulier du MASA, sur le financement, sur le nombre de fonctionnaires (postes d’enseignant-chercheur et de chercheur).
A noter qu’aujourd’hui au-delà du financement il peut s’avérer compliqué de recruter des enseignants-chercheurs dans les différentes disciplines faute de candidat·es.
A noter aussi que de l’avis d’acteur·rices de la formation supérieure et de la profession, le modèle économique d’UniLaSalle à Rouen n’est pas viable et qu’il semble déjà en difficulté … à tel point qu’il y a un risque sérieux que l’État ponctionne les crédits publics pour soutenir le modèle privé.
La Région n’évoque pas non plus la place d’éventuels financements européens.
- UNE STRUCTURATION DE LA FORMATION POUR L’EXCELLENCE
Cette nouvelle école doit être du même niveau que les écoles existantes. Cela suppose des enseignant·es et des chercheur·euses et des supports pédagogiques du même niveau.
Parmi les supports de formation, il y a d’abord la nécessité d’un centre hospitalier universitaire vétérinaire, qui exige la présence de salles de consultations, d’hospitalisation, d’examens, de chirurgie, de soins intensifs, d’imagerie médicale, de laboratoire d’analyse … et bien entendu tout le matériel médical qui s’y rapporte.
Parmi les supports pédagogiques, il y a aussi les lieux de stage (qui ne peuvent suppléer une éventuelle absence de CHUV). Ces stages supposent un travail avec les professionnels du secteur.
La Région prévoit la mise en œuvre dès 2026 d’une sixième année complémentaire,"ancrée localement, afin d’intégrer au mieux ces professionnels dans les territoires ruraux et répondre aux enjeux de santé animale et rurale" avec un public principalement visé dans le vivier des étudiant·es vétérinaires formé·es à l’étranger. Pour le SNETAP-FSU, cet aspect du dossier doit être renforcé pour donner toutes les garanties pédagogiques et structurelles permettant d’atteindre l’objectif commun de réussite d’ouverture d’une 5ème école vétérinaire publique.
Enfin la Région communique beaucoup sur la stratégie du « One Health » pour en faire la base sur laquelle s’appuiera la formation des futurs vétérinaires.
Au regard des différentes difficultés évoquées plus haut, la mise en œuvre d’une école de plein exercice ne peut s’envisager que sur le long terme. Le dernier exemple d’ENV est celui d’Oniris à Nantes qui a pris près de 10 ans (entre 1970 et 1979) pour aboutir.

